19/06/2010

Exploitation minière au Niger : La junte assainit le secteur et épingle d'anciens proches de Tanja

Les contrats miniers au Niger, sous l'ère Tanja, ont particulièrement souffert d'une clarté. La junte militaire au pouvoir dans ce pays a décidé d'assainir le secteur en procédant à de multiples arrestations dont un ancien ministre du gouvernement Tanja et un fils du président déchu.

La junte militaire nigérienne, qui a renversé le président Mamadou Tanja en février 2010, compte mettre fin à la délinquance économique. Et le principal secteur visé est celui des mines dont les conditions d'exploitation sous le régime controversé du président Tanja laissent à désirer. C'est ainsi que, depuis deux jours, des personnalités proches de l'ancien président déchu font l'objet d'arrestation. Il s'agit surtout de l'ancien ministre des Mines, Mohamed Abdoullahi, et d'autres hauts responsables qui ont eu à bénéficier d'importants privilèges sous Tanja. Mais également de son fils Hadia Toulaye Tanja et du journaliste Ibrahim Hamidou. Ces arrestations ont été effectuées dans le cadre ‘d'une opération de lutte contre la délinquance économique, lancée par la junte nigérienne’ depuis quelques semaines. Même si ces multiples interpellations se sont particulièrement intensifiées entre mardi et mercredi. Cela, suite à des enquêtes dirigées par la commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale.

En effet, au lendemain de l'arrivée des militaires au pouvoir dans ce pays, de nombreuses suspicions ont tourné autour de ‘présumés cas de malversations dans l'établissement des contrats miniers sous l'ancien régime’. C'est ainsi que dans son premier message à la nation, le chef de la junte, Djibo Salou, avait particulièrement insisté sur la nécessité de procéder à un ‘assainissement de la situation politique et économique’. Cela, d'autant plus que dès les premiers jours de son installation, plusieurs Ong avaient fait des recommandations à la junte allant dans le sens de ‘renégocier tous les contrats miniers jugés douteux et signés depuis 2008 sous le régime du président déchu avec des compagnies étrangères’.

Pourtant, lors de multiples manoeuvres de Mamadou Tanja, qui n'avait pas hésité à outrepasser la loi constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir, beaucoup d’observateurs avaient évoqué des enjeux économiques colossaux. Le Niger étant l'un des pays les plus riches en matière d'uranium. Mais paradoxalement, la forte mainmise de ses dirigeants sur ses immenses ressources en fait l'un des pays les plus pauvres au monde. Le peuple nigérien n'ayant jamais pu bénéficier des retombées de la richesse de son sol. Mieux, depuis la mise en place d'une nouvelle politique minière par l'ancien régime, les compagnies françaises, chinoises, canadiennes, australiennes, américaines et sud-africaines, se sont massivement ruées dans ce secteur juteux.

Le gouvernement Tanja avait choisi une politique de diversification des ressources et des partenaires permettant de délivrer plus d'une centaine de permis d'exploitation. A cela s'ajoutent les multiples marchés de grè à grè qui ont pu profiter à certains proches de l'ancien président. Déjà, en 2005, la presse nigérienne avait fait état d'un énorme pot-de-vin de près de 2,5 milliards de francs que Niger uranium venture aurait versé au fils du président arrêté et à un de ses amis. Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, mis en place après la chute de Tanja, se propose de faire de cette opération d'assainissement économique enclenchée un gage de crédibilité. Une étape importante dans le processus du retour de la légalité constitutionnelle au Niger.

Abdoul Aziz AGNE

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