« Tout homme est homme », disait Barthélémy Boganda, le père de l’indépendance de la Centrafrique, à son peuple : « Zo kwe zo », en sangho, principale langue nationale. Ce précieux legs surplombe la devise, et est souvent assorti, dans les tribunaux, d’un petit « so zo la », littéralement : « celui-là aussi ». Comme pour dire aux juges que chaque être humain a droit à une justice équitable, quels que soient les crimes que l’on peut avoir à lui reprocher.
Mamadou Tanja aussi a droit à la justice, en dépit de tout le mal qu’il a pu faire aux institutions de son pays, et de l’arbitraire dont ont été victimes nombre de Nigériens, jetés en prison sur son ordre, sans jugement. Mais le droit à la justice de Mamadou Tanja ne saurait remettre en cause la hiérarchie des priorités de ce peuple, qui a un besoin urgent de retrouver la petite place que lui concédaient les bailleurs de fonds au guichet réservé aux nations les plus démunies.
La Cour de justice de la Cedeao a dit le droit. Mais il est bien plus urgent, pour l’Afrique, d’adopter, clairement, les règles qui doivent prévaloir lorsque les coups d’Etat deviennent un mal nécessaire, comme cela a été le cas au Niger, hélas ! Pour redonner une chance à l’état de droit dans ce pays, il fallait à tout prix écarter Mamadou Tanja.
samedi 13 novembre 2010 - Chronique de Jean-Baptiste Placca
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