09/01/2011

Niger : les médias sont des vautours ! Sortons de la politique de la peur !

Depuis hier matin, les médias français n’ont de cesse de nous parler de cet horrible drame de la mort de nos deux compatriotes au Niger.

Tout d’abord, il est essentielle de penser aux familles car cette violence est innommable et doit être vivement condamnée.

Pour autant, je suis toujours choqué de voir le tapage des médias qui, non comptant de renifler l’odeur du sang, en rajoute des tonnes en éclairant cette région du monde comme si elle était hautement meurtrière et dangereuse. C’est faux !

Ne nous laissons pas duper : Il y a en France plus d’un homicide par jour (http://fr.wikipedia.org/wiki/Homicide) et les médias ne parlent pas de tous, même si ils aimeraient surement le faire. Chaque jour dans tous les pays de la planète, des femmes et des hommes sont tués, cela fait malheureusement partie de la réalité de la pire face de notre humanité. Si les touristes de toute la planète étaient appelés à ne pas venir en France du fait des 400 homicides par an qui ont lieu dans notre pays, que dirions nous ?

Je ne pense pas que l’on puisse vivre en société en s’appuyant continuellement sur une politique de la peur des autres sous prétexte que nous sommes riches.

J’ai vécu avec mon épouse et mes 3 enfants au Niger de 2004 à 2007. Durant ces trois années, nous avons eu la chance de partager des moments inoubliables avec des amis nigériens dans toutes les régions du pays.

A quelques mois de quitter ce pays, j’ai été l’objet d’une attaque d’une bande de jeune qui ont massacré ma voiture et heureusement pour moi, m’ont laissé indemne et désemparé au bord de la route.

La première réaction de mes amis et collègues nigériens a été de me dire : c’est une catastrophe, car c’est l’image que tu vas garder de notre pays !
Non, je garde du Niger sa formidable capacité d’accueil, sa chaleur humaine à tous les coins de rues, sa capacité à surmonter une pauvreté extrême par une joie de vivre sans faille.

Ne nous trompons pas, la vie n’a pas le même prix si nous sommes Français ou si nous sommes Nigériens. Profitons de cette catastrophe pour nous remettre en question et pour apporter notre soutien et notre aide aux pays du Sahel pour les aider à surmonter cette période critique.

Nous ne devons pas rapatrier tous les Français comme on l’entend dire depuis hier, nous devons partager avec les Nigériens leur immense peine de voir deux étrangers mourir sur leur sol et nous devons aller de l’avant et continuer à aider les plus pauvres d’entre eux à s’en sortir comme le faisait Antoine.

C’est la pauvreté qui pousse aux extrémismes. En marquant au fer rouge le Sahel, nous renforçons la capacité des extrémistes à recruter ceux qui ne voient pas de porte de sortie et qui regardent d’un œil d’incompréhension nos pays se renfermer sur eux même pour préserver leur sécurité.

Pour avoir vécu près de 20 ans dans des pays aussi compliqué que le Tchad, la Guinée, le Niger ou Madagascar, je fais partie de ceux qui refusent la peur et qui font de la place pour la vie, celle que l’on mord à pleine dent, celle ou l’on prend des risques, pas celle ou l’on se terre par peur.

Ne laissons pas les terroristes, les politiques et les journalistes nous enfermer dans la peur.

Vivons, aidons les pays les plus pauvres à protéger notre humanité, nous avons tant à apprendre d’eux.

Ne faisons pas aux nigériens ce que nous ne voudrions pas qu’il nous fasse !

Tel Gandhi, montrons que nous n’avons pas peur et alors les extrémismes reculeront. Que les médias s’emparent de cette ambition et nos sociétés regarderont peut être l’avenir sous un meilleur jour !

Emmanuel POILANE, Directeur de la Fondation France Libertés

www.france-libertes.fr

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