25/03/2011

Pour #Areva, le salut passe par les mines

La bataille des candidatures qui fait rage depuis des semaines autour de la future présidence du directoire d'Areva en masque une autre, bien plus stratégique, sur l'actionnariat du leader français du nucléaire. Or, l'Etat, qui ne cesse de tergiverser, n'a toujours pas arrêté sa feuille de route. Un conseil de politique nucléaire, prévu d'ici début mars à l'Elysée, devrait fixer quelques grands principes, mais il n'est pas certain qu'il tranche définitivement entre les trois grands scénarios en compétition.

Fusion Areva-Eramet ?
- Selon les informations de La Lettre A, le premier scénario, défendu par l'actuelle présidente du directoire, Anne Lauvergeon, s'appuie sur des mécanismes élaborés notamment par Matthieu Pigasse, directeur général délégué de Lazard France, et l'incontournable consultant Alain Minc. Il prévoit une fusion d'Areva avec le groupe minier Eramet, ce qui conforterait la stratégie, menée depuis dix ans par Anne Lauvergeon, de développement d'une grande filière intégrée du nucléaire, depuis les mines d'uranium jusqu'au retraitement du combustible. Dans ce schéma, Areva, qui détient déjà 25,6% d'Eramet, serait contraint, soit de racheter les parts des minoritaires (mais avec quel cash ?), soit de procéder à un échange d'actions Eramet avec des actions Areva. Là, se pose la question cruciale de la valorisation d'Areva, sur laquelle a buté la tentative de recapitalisation de l'an dernier. Et autant dire que la famille Duval, qui possède 36,4% d'Eramet, y est farouchement opposée. Une telle opération ne pourrait aboutir sans un sérieux coup de boutoir politique. Mais, au final, Areva, qui serait techniquement absorbée par Eramet, deviendrait (enfin !) une vraie société cotée.


Proglio chez la mère et la fille ?
- Un deuxième scénario, fortement poussé par Henri Proglio, le PDG d'EDF, prévoit une filialisation de la "business unit" Mines d'Areva (comprenant les mines d'uranium, la participation dans Eramet et les mines d'or de La Mancha). Le capital de cette nouvelle société serait ensuite ouvert à de grands investisseurs, tels EDF et éventuellement Total. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) pourrait aussi être partie prenante. Comme tous ses prédécesseurs, Henri Proglio rêve de sécuriser ses approvisionnements en uranium, ce qu'il obtiendrait grâce à une participation significative dans le capital d'une future filiale Areva Mines. Cependant, cette opération ne serait vraiment aboutie que si, parallèlement, EDF participait à la recapitalisation d'Areva et, qu'en tant qu'administrateur, Henri Proglio devenait président de son comité stratégique.


Les mines à la Bourse ?
- Le troisième scénario est une variante du précédent, qui prévoit, après sa filialisation, une introduction en bourse de 30 à 40% de la BU Mines d'Areva (avec participation de fonds étrangers). Ce schéma est soutenu par le ministre de l'industrie, Eric Besson, et le tout nouveau secrétaire général du Comité pour les métaux stratégiques (Comes), l'ingénieur général des mines François Bersani, ainsi que par le commissaire aux participations de l'Etat (APE), Jean-Dominique Comolli. L'APE a mandaté, il y a déjà un moment, la banque d'affaires Merrill Lynch pour étudier ce dossier. Mais d'autres établissements, tels Deutsche Bank, Citigroup et Crédit Suisse First Boston, sont à l'affut d'un mandat en cas d'introduction en bourse. In fine, le dernier mot reviendra bien entendu à Nicolas Sarkozy. Il sera alors temps de choisir le patron d'Areva.

LA LETTRE A N°1487 - 11/02/2011

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