26/04/2011

RETOUR DES #MIGRANTS DE LA #LIBYE : SUR LES TRACES DES SANS-DROITS...

Vomis de la Libye

« Il faut rapidement, très rapidement faire quelque chose pour le département de Bilma ! Tous les magasins de L’OPVN (office des produits vivriers du Niger) sont quasiment vides ! Cette marée humaine de migrants risque de menacer notre propre existence », s’écriait Elh. Lawel Taher, président Croix Rouge de Bilma. Même cri d’alarme du comité de gestion de la crise libyenne mis en place à Agadez : « Bien que l’Etat fait tout son possible, il faut avouer que la tâche n’est pas facile. Nous sommes à court des moyens pour agir. Il est urgent de faire quelque chose sinon dans quelques jours la situation va s’envenimer. Nous sommes désorientés par le flux de ces compatriotes et frères africains qui arrivent», lance A.A.

« Les Nations Unies estiment que quelque 60 000 personnes pourraient entrer au Niger venant de Libye dans les semaines qui viennent ». Les dernières arrivées enregistrées confirment bien ces prévisions. Rien qu’hier (Ndlr : 20 avril 2011) plus de cinquante camions sont rentrés de Dirkou.

Et à la date d’aujourd’hui ( Ndlr : 20 avril 2011), plus de 40.000 migrants sont arrivés sur le sol nigérien, a confirmé à Aïr Info, Elh. Lawel Taher de la croix-rouge de Bilma.

Cette situation fait réagir les autorités administratives de Bilma. « Il y a plein de monde à Dirkou ces derniers temps ! Il faut rapidement agir », lance Mahamat Nour, préfet du département de Bilma joint au téléphone par Aïr Info. Il craint aussi : « l’inflation des produits de première nécessité qui pousse les gens à des comportements répréhensibles ». «Je m’inquiète sincèrement », avoue Abagana, un commerçant de Dirkou ! « Ces gens qui rôdent autour de nos commerces et de nos familles ne m’inspirent pas confiance. Ils sont capables de tuer pour manger. Je me demande pourquoi l’on tarde à les faire partir de Dirkou», dit-il avec une pointe d’angoisse.

Des gibiers de potence

A tort ou à raison, l’on remarque ces derniers temps, surtout au marché de Dirkou, des migrants démunis devenir les proies de lynchage populaire. Il suffit qu’un ou deux commerçants lèvent la voix sur un pauvre migrant insistant pour avoir de quoi manger pour qu’on le qualifie de voleur et roué de coups.

D’autres personnes sans foi abusent quant à elles de leur faiblesse de migrants démunis. Au crépuscule, il est facile de retrouver quelques femmes migrantes s’adonner au plus vieux métier du monde sous l’oeil attentif d’un proxénete. Ou voir parmi les migrants à qui il reste un peu des forces travailler dans la maçonnerie moyennant un prix bien en dessous du réel.

Des aides timides

Pour aider ces migrants, des organisations humanitaires sont sur le qui-vive ! Le Programme alimentaire mondial (PAM) a fait parvenir une cinquantaine de tonnes de nourriture dans la région, suffisamment de quoi couvrir les besoins de 2 500 migrants pendant un mois, disait à IRIN le porte-parole du PAM au Niger, Vigno Hounkanli.

L’OIM, antenne de Bilma apporte aussi son soutien mais est aussi confrontée à l’ampleur des bouches et personnes à secourir.

Le CICR aussi n’est pas en reste et fait des gros efforts pour l’accueil et le suivi de ces migrants démunis, malades et complètement désespérés.

La solidarité internationale traîne le pas

Malgré l’appel-éclair pour la mobilisation de plus de 160 millions de dollars lancé par ces organisations en faveur de ces déplacés, la solidarité internationale tarde à se mainfester.

Sur le terrain, la situation s’aggrave !

Des droits bafoués

Beaucoup des migrants rencontrés par Aïr Info dénoncent les mauvais traitements subis en Libye de la part de l’armée et des citoyens libyens. « Je regrette d’être africain, j’ai vu et vécu ce que je ne dirai jamais à quelqu’un mais que je ne souhaiterai même pas à un ennemi », confie exténué Ibrahim Inoussa, un jeune migrant du Niger natif de la région de Zinder. « Je regrette d’avoir quitté mon pays ! J’ai laissé en Libye ie fruit de cinq ans de labeur. Et pourtant, je croyais à mon patron, un musulman ! Il m’a dénoncé et des gens armés m’ont enlevé et battu. Je vous dis que les Libyens ne nous considèrent pas comme des êtres humains, encore moins des frères africains », conclut-il.

Saädou,originaire de Tamaské ( Tahoua) quant à lui condamne le comportement des forces de défense du Niger. « Arrivés à Madama, ils nous ont alignés sous un soleil de plomb pour nous prendre chacun 1000 FCFA ! Même ceux qui étaient malades ont été traités à l’infirmerie militaire moyennant de l’argent ! A Dirkou aussi où il a fallu qu’on marche avec des bâtons sur la police et la Gendarmerie pour ne pas payer ! Au Niger, on est chez nous mais notre misère n’a pas ému certains agents qui nous ont escroqué sûrement à l’insu de leur hiérarchie »

« C’est faux ! », s’écriait un responsable militaire basé à Dirkou contacté par Aïr Info. « Faut pas qu’ils soient ingrats, quand même ! Nous faisons tout pour les aider pourtant ».

Une solidarité s’impose

En attendant la mise en branle de la machine d’aide internationale, l’heure est à la solidarité. « les Nigériens doivent ouvrir leur cœur et leur porte à ces frères et sœurs en désarroi. C’est une injonction de Dieu d’aider son prochain », conseille Oustaz Ali, un jeune érudit basé à Agadez.

D’ores et déjà, un groupe musical renommé d’Agadez se prépare à organiser un méga concert en faveur de ces réfugiés.

Ibrahim Manzo DIALLO - Aïr Info n°119 - du 1er au 30 avril 2011- 10ème année

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