
Le secret défense a pour objet la sauvegarde des intérêts fondamentaux de la nation dans les domaines de la défense, de la sécurité intérieure et de la protection des activités économiques et du patrimoine. Mais il est de plus en plus dévoyé, pour protéger les abus de pouvoir et la corruption. La loi de programmation militaire du 29 juillet 2009 a encore aggravé la situation, par une extension du champ du secret défense. Une classification permettant la protection de lieux est instituée, alors que la notion de secret défense ne concernait jusqu’à cette date que des informations. Une procédure lourde de perquisition de ces lieux est prévue, qui exige notamment la présence du président de la Commission consultative du secret défense. Les enquêtes relatives à la corruption internationale sont déjà complexes. Elles le seront encore plus.
La situation de la France est singulière. Au Royaume-uni, les juges reconnaissent à l’administration un large privilège de rétention des informations, mais ils en contrôlent l’utilisation. En Allemagne, les tribunaux contrôlent la décision de refus de communiquer les informations classifiées et, s’il jugent ce refus infondé, ils peuvent exiger leur communication. En Italie, si le juge souhaite disposer de documents pour lesquels le secret d’État lui est opposé, le conflit est tranché par la Cour constitutionnelle. En Espagne, la Cour suprême opère un contrôle sur le refus du Conseil des ministres de déclassifier des documents au cours d’une procédure judiciaire.
La France est un des rares pays démocratiques où le secret défense protège aussi efficacement la corruption de l’oligarchie politico-économique.
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