09/02/2011

Le député des Yvelines, personnellement concerné par le problème des otages, s'interroge sur la stratégie de la France.

Étienne Pinte : « Si ça avait été mon cousin et son collègue, je ne sais pas si je leur aurais pardonné »

lundi 07.02.2011, 05:08 - RECUEILLI PAR MATTHIEU VERRIER

Député UMP des Yvelines, Étienne Pinte suit avec d'autant plus d'intérêt l'enquête sur l'opération manquée de libération des otages au Niger que son cousin a été otage pendant quatre mois l'an dernier et libéré après négociations. ...

- Faut-il remettre en cause la stratégie dans la libération d'otages ?

« Une stratégie a eu de bons résultats : celle dont a bénéficié mon cousin. Aujourd'hui, je m'interroge, après l'échec de l'intervention militaire, sur l'évolution de la stratégie française. Nous avons l'impression d'un changement de stratégie qui, malheureusement, a échoué. En tant que parlementaire, je me pose des questions. »

- Est-ce vraiment un changement de stratégie ou une question de circonstances ?

« C'est un contexte différent, un environnement différent. Effectivement, on peut se poser la question de savoir si on doit utiliser toujours la même stratégie. Mais ce que je constate, c'est que dans un cas, deux garçons sont aujourd'hui vivants. Dans l'autre, ils sont morts. Je pose donc la question ou d'un changement de stratégie ou d'une impréparation de l'intervention militaire. »

- Faut-il exclure l'option armée ?

« Je ne dis pas ça. Mais encore faut-il que toutes les précautions soient prises pour mettre tous les atouts de notre côté afin d'éviter l'échec. Là, visiblement, il y a eu une intervention à chaud sans véritable préparation permettant d'envisager une libération de nos otages en toute sécurité. Sans préparation militaire suffisante, il valait mieux les laisser aux mains des ravisseurs. Au moins, aujourd'hui, vraisemblablement, ils seraient vivants, comme les salariés d'Areva, à l'heure actuelle, emprisonnés au Mali ou dispersés à droite et à gauche. »

- Cela aurait peut-être rendu une intervention armée plus difficile ensuite...

« Les membres d'Areva sont aujourd'hui vivants. Va-t-on les récupérer par une intervention militaire ou diplomatique ? L'important est de les récupérer vivants. »

- Pensez-vous que la personnalité des deux otages, qui ne sont ni journalistes ni cousins de parlementaire, a pesé dans la décision de l'intervention ?

« Ce qui est étonnant, c'est que les journalistes otages en Afghanistan ont très vite fait l'objet d'une médiatisation. Mon cousin était otage en même temps, en Centrafrique. On nous a dit : silence radio, prudence et dialogue. J'avais appelé France 3 pour m'étonner du deux poids, deux mesures.

Mais les deux garçons ont été libérés au bout de quatre mois grâce à une stratégie qui était intelligente. On n'en avait pas parlé, moi non plus. On a peut-être une stratégie différente en fonction de l'origine de l'otage. Ne faudrait-il pas essayer d'avoir une stratégie globale ? »

- Avez-vous fait part de vos questionnements à Alain Juppé ?

« Je l'ai fait publiquement lorsque, avec Michèle Alliot-Marie, ils ont été auditionnés par les commissions des Affaires étrangères et de la Défense. J'ai ajouté ensuite un mot personnel au ministre de la Défense, au Premier ministre et au président de la République : Si ça avait été mon cousin et son collègue, je ne sais pas si je leur aurais pardonné. »

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