« La guerre des comm a commencé », s’exclame L’Observateur au Burkina. Entendez la guerre de la communication entre les deux camps. L’Observateur évoque ainsi le massacre d’Aguelhok : « sur les ondes de Radio France Internationale, écrit-il, le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, soulignait en début de semaine qu’il y avait eu massacre d’une centaine de soldats, égorgés ou abattus lors de l’offensive des rebelles. La même information a été confirmée par Bamako, qui a dénoncé, au même titre que Paris, ces exécutions sommaires, perpétrées le 24 janvier, jour où les rebelles et des membres d’al-Qaïda au Maghreb islamique ont attaqué Aguelhoc.Du coup, cela pose problème, affirme L’Observateur,car si l’on revendique la partition du territoire et que l’on commence à commettre des violences d’une telle atrocité, c’est insensé. Cependant c’est aussi très facile de jeter l’anathème sur les insurgés, surtout que nous sommes dans un contexte de guerre, relève le quotidien burkinabé. Et c’est bien connu que l’exercice favori de chaque camp est alors la manipulation des esprits : il s’agit, affirme encore L’Observateur, d’utiliser des représentations exaltantes de ses propres combats et, si possible, de produire des visions caricaturales ou terrifiantes de l’adversaire ; comme c’est le cas. L’info et l’intox, conclut le quotidien burkinabé, sont savamment utilisées aux mêmes fins, chacun essayant de tirer l’opinion publique vers lui. »
Le MNLA ou AQMI ?
Le quotidien El Watan en Algérie tente de faire le point sur ce massacre d’Aguelhoc. En effet, écrit-il, « Paris affirme que 82 soldats ont été égorgés ou abattus fin janvier dans la ville d’Aguelhoc. Néanmoins, le Quai d’Orsay n’accuse pas directement les rebelles touaregs, relève le quotidien algérien, préférant laisser planer le doute sur l’identité des auteurs. La prudence des autorités françaises pourrait s’expliquer sans doute, estime-t-il, par le fait qu’al-Qaïda au Maghreb islamique est actif sur le même terrain que celui sur lequel opèrent les Touaregs et que la méthode utilisée pour les exécutions s’apparente à celle utilisée par AQMI. » Et puis le quotidien algérien rapporte également la contre-attaque médiatique du MNLA. Le MNLA qui déclare rejeter « dans la globalité et le détail les accusations de Bamako » et qui affirme que « le gouvernement malien se livre à la 'pratique du génocide' dans le nord du Mali. 'A travers l’usage des hélicoptères de combat, pilotés par des mercenaires ukrainiens, affirme le mouvement rebelle, le gouvernement malien a décidé de ne rien épargner, les campements nomades et leurs cheptels'. »
RFI conseiller en communication…
Par ailleurs, les attaques contre RFI se poursuivent dans la presse malienne… Avec cette charge du quotidien Le Potentiel qui affirme, je cite, que « les médias français, prompts à dénoncer le moindre manquement en Afrique, taisent volontairement la barbarie et l’horreur que sème le MNLA dans le nord du Mali. »
Et le Potentiel de s’en prendre particulièrement à RFI : « la radio qui se dit mondiale, devient de ce fait, de jour en jour, une chambre d’enregistrement pour les lobbies qui la contrôlent, affirme ce journal, et qui n’hésitent plus à marcher sur des cadavres pour assouvir leur soif d’imposer à la terre entière leur vision du Nord-Mali. C’est le constat que font les maliens dans leur ensemble, poursuit Le Potentiel, depuis les attaques terroristes contre notre pays et depuis que RFI est devenue le conseiller en communication et le principal porte-voix du mouvement terroriste MNLA. »
Voilà, et Le Potentiel poursuit en accusant certaines journalistes de RFI de collusion, et plus, avec des responsables de la rébellion. Le Potentiel qui n’avance aucun nom, aucune source, aucune preuve de ses allégations.
Et la présidentielle ?
Enfin, Le Républicain , autre quotidien malien, s’inquiète lui à propos de l’élection présidentielle malienne, prévue fin avril. « Péril sur l’échéance d’avril fixée par le gouvernement, s’exclame-t-il. En effet, même s’il est fait fi du cauchemar logistique, dont la question centrale du fichier électoral pas encore disponible, on voit mal comment à soixante-dix jours de distance, le scrutin pourrait être organisé au Nord, c’est-à-dire dans l’entièreté des régions de Tombouctou, Kidal et Gao. Entièreté voulant dire, précise Le Républicain, pouvoir sortir des capitales régionales qui elles ne semblent pas poser de problèmes pour l’instant. Entièreté impliquant aussi que les candidats puissent battre campagne dans la majeure partie des circonscriptions de cette zone. Entièreté impliquant enfin, relève encore Le Républicain, le retour de nos compatriotes réfugiés (…). Or de ces données, nous sommes encore loin », constate le quotidien malien qui conclut ainsi : « il reste à l’armée à reprendre, au nom de l’orgueil national et la cohérence tout court, les positions qu’elle a notoirement perdues. »
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