17/01/2013

1 600 tonnes de ferrailles sorties des installations d’ #AREVA au #Niger. Parmi elles certains lots sont radioactifs



Environ 1 600 tonnes de ferrailles provenant des sites d’extraction d’uranium de SOMAÏR et COMINAK, filiales d’AREVA au Niger, sont sorties dans le domaine public. En septembre 2012, 1 000 tonnes ont été découvertes chez un ferrailleur d'Arlit. Les contrôles effectués par AGHIRIN’MAN avec un appareil professionnel prêté par la CRIIRAD ont montré que certains lots sont radioactifs. Selon Aghirin'man, le doute persiste, en ce début d'année 2013, sur le devenir de 600 tonnes. Une partie de ces ferrailles aurait été vendue à l’étranger.

L’insuffisance sur le contrôle de la radioactivité des ferrailles est découverte en 2003

Deux filiales d’AREVA exploitent des mines d’uranium dans la région d’ARLIT (Niger) depuis une quarantaine d’années. Il s’agit de la SOMAÏR (exploitation par mines à ciel ouvert) et de la COMINAK (exploitation par mines souterraines). Les activités d’extraction du minerai d’uranium dans les mines, puis les opérations chimiques de traitement du minerai dans les usines d’extraction entraînent une contamination radiologique des équipements utilisés.
A l’issue d’une mission de terrain effectuée à Arlit en décembre 2003, à la demande de l’ONG nigérienne AGHIRIN’MAN, la CRIIRAD avait dénoncé la présence, sur les marchés de la ville, de ferrailles radioactives issues des installations d’AREVA.
Depuis 2003, des contrôles indépendants réalisés ponctuellement par des ONG ont montré que la population est toujours exposée à des ferrailles radioactives, mais le constat de ces derniers mois est particulièrement inquiétant compte tenu des quantités de ferrailles découvertes. Il révèle en outre que, contrairement aux annonces faites aux media et aux représentants de la société civile, AREVA et ses filiales font peu de cas de la protection sanitaire des populations contre les effets des radiations ionisantes.
La contamination des ferrailles par des métaux lourds radioactifs associés à l’uranium tels que uranium 238, thorium 230, radium 226, plomb 210, polonium 210 entraîne une exposition des populations par irradiation externe et des risques de contamination interne en fonction des modes d’utilisation des ferrailles recyclées (usages domestiques possibles). Certaines de ces substances sont particulièrement radiotoxiques par ingestion et par inhalation. Il s’agit d’une contamination durable compte tenu de la période de l’uranium 238 (4,5 milliards d’années) et du radium 226 (1 600 ans). Les mauvaises pratiques des filiales d’AREVA en matière de contrôle des matériaux et déchets radioactifs entraînent donc un accroissement des risques sanitaires pour les populations de la région, voire au-delà, en cas de revente des ferrailles à l’étranger.

Des dysfonctionnements qui perdurent en 2012
Fin août 2012, Almoustapha Alhacen et Rhamar Illatoufegh, respectivement président et secrétaire général d’AGHIRIN’MAN ont participé à un stage de formation sur la radioprotection organisé à la CRIIRAD. La CRIIRAD leur a confié un appareil de détection de radioactivité professionnel (un scintillomètre DG5).
Dès leur retour à ARLIT, en septembre 2012, les membres d’AGHIRIN’MAN ont découvert que des ferrailles en provenance des sites d’extraction d’uranium de la SOMAÏR et de la COMINAK avaient été mises en vente dans le domaine public.
Il s’agit d'environ 1 000 tonnes provenant des installations de la COMINAK1 et 600 tonnes de celles de la SOMAÏR2 .
Une partie de ces ferrailles a été retrouvée chez un ferrailleur d’ARLIT. Les mesures de taux de radiation gamma effectuées par monsieur Rhamar Illatoufegh (AGHIRIN’MAN) sur le tas de ferrailles ont montré des valeurs jusqu’à 1 800 c/s (coups par seconde) soit plus de 9 fois supérieures à la normale.
Deux réunions ont été organisées à Arlit en présence des autorités, des compagnies minières, et des représentants de la société civile. La première le 20 septembre 20123, chez le ferrailleur, pour constater la radioactivité des ferrailles, la seconde le 25 septembre4 où ont été convenues les mesures à prendre.
Selon le ferrailleur, tout ou partie des 600 tonnes de SOMAIR auraient été revendues à un citoyen du Nigéria ou expédiées au Bénin. D'après la coordination de la société civile d'Arlit, elles pourraient se trouver avec celles de la Cominak, dans le lot du ferrailleur. Aucune de ces hypothèses n'est confirmée à l'heure actuelle.
Devant l’absence de réaction concrète des sociétés minières, le président de la Coordination de la Société Civile d’Arlit, M Almoustapha Alhacen a écrit le 26 novembre 20125 au directeur de la SOMAÏR pour rappeler que - plus de 3 mois après la découverte de cette situation - les filiales d’AREVA n’ont donné aucune précision sur le devenir des 600 tonnes de ferrailles de la SOMAÏR.
Selon monsieur Alhacen, joint par téléphone le 15 janvier 2013, SOMAÏR n’a toujours pas apporté les éclaircissements demandés.
Cette situation est inacceptable, AREVA n’est manifestement toujours pas en mesure d’imposer à ses filiales des procédures strictes permettant d’empêcher la sortie des matériaux radioactifs de ses sites. Elle se targue pourtant d’une gestion irréprochable de l’environnement.
La CRIIRAD demande qu’AREVA
  • fasse toute la transparence sur les conditions de cession des ferrailles et la nature des contrôles radiologiques effectués.
  • revoie les procédures de contrôle de radioactivité des matériaux autorisés à quitter ses installations minières.
  • s’engage à repérer et racheter les ferrailles contaminées déjà mises en vente dans le domaine public.
Rédacteur : Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, responsable du laboratoire de la CRIIRAD.
Avec la participation de Almoustapha ALHACEN, pour l’ONG AGHIRIN’MAN et Anne Hollard, pour l’association « Les Amis d’Aghirin’Man ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire