Environ 1 600 tonnes de
ferrailles provenant des sites d’extraction d’uranium de SOMAÏR et
COMINAK, filiales d’AREVA au Niger, sont sorties dans le domaine
public. En septembre 2012, 1 000 tonnes ont été découvertes chez
un ferrailleur d'Arlit. Les contrôles effectués par AGHIRIN’MAN avec
un appareil professionnel prêté par la CRIIRAD ont montré que certains
lots sont radioactifs. Selon Aghirin'man, le doute persiste, en ce
début d'année 2013, sur le devenir de 600 tonnes. Une partie de ces
ferrailles aurait été vendue à l’étranger.
L’insuffisance sur le contrôle de la radioactivité des ferrailles est découverte en 2003
Deux filiales d’AREVA exploitent des mines d’uranium dans la région d’ARLIT (Niger) depuis une quarantaine d’années. Il s’agit de la SOMAÏR (exploitation par mines à ciel ouvert) et de la COMINAK (exploitation par mines souterraines). Les activités d’extraction du minerai d’uranium dans les mines, puis les opérations chimiques de traitement du minerai dans les usines d’extraction entraînent une contamination radiologique des équipements utilisés.
A l’issue d’une mission de terrain effectuée à Arlit en décembre
2003, à la demande de l’ONG nigérienne AGHIRIN’MAN, la CRIIRAD
avait dénoncé la présence, sur les marchés de la ville, de
ferrailles radioactives
issues des installations d’AREVA.
Depuis 2003, des contrôles indépendants réalisés ponctuellement
par des ONG ont montré que la population est toujours exposée
à des ferrailles
radioactives, mais le constat de ces derniers mois est particulièrement
inquiétant compte tenu des quantités de ferrailles découvertes.
Il révèle en outre que, contrairement aux annonces faites
aux media et aux représentants de la société civile,
AREVA et ses
filiales
font peu de cas de la protection sanitaire des populations
contre les effets des radiations ionisantes.
La contamination des ferrailles par des métaux lourds radioactifs
associés à l’uranium tels que uranium 238, thorium 230,
radium 226, plomb 210, polonium 210 entraîne une exposition
des
populations par
irradiation externe et des risques de contamination interne
en fonction des modes d’utilisation des ferrailles recyclées
(usages
domestiques
possibles). Certaines de ces substances sont particulièrement
radiotoxiques par ingestion et par inhalation. Il s’agit
d’une contamination
durable compte tenu de la période de l’uranium 238 (4,5
milliards d’années)
et du radium 226 (1 600 ans). Les mauvaises pratiques des
filiales d’AREVA en matière de contrôle des matériaux et
déchets radioactifs
entraînent donc un accroissement des risques sanitaires
pour les populations de la région, voire au-delà, en
cas de revente
des
ferrailles à l’étranger.
Des dysfonctionnements qui perdurent en 2012
Des dysfonctionnements qui perdurent en 2012
Fin août 2012, Almoustapha Alhacen et Rhamar Illatoufegh,
respectivement président et secrétaire général d’AGHIRIN’MAN
ont participé
à un stage de formation sur la radioprotection organisé
à la CRIIRAD.
La CRIIRAD leur a confié un appareil de détection de
radioactivité professionnel (un scintillomètre DG5).
Dès leur retour à ARLIT, en septembre 2012, les membres
d’AGHIRIN’MAN ont découvert que des ferrailles en provenance
des sites
d’extraction d’uranium de la SOMAÏR et de la COMINAK
avaient été mises en
vente dans le domaine public.
Il s’agit d'environ 1 000 tonnes provenant des installations
de la COMINAK1 et 600 tonnes de celles de la SOMAÏR2
.
Une partie de ces ferrailles a été retrouvée chez un ferrailleur d’ARLIT. Les mesures de taux de radiation gamma effectuées par monsieur Rhamar Illatoufegh (AGHIRIN’MAN) sur le tas de ferrailles ont montré des valeurs jusqu’à 1 800 c/s (coups par seconde) soit plus de 9 fois supérieures à la normale.
Une partie de ces ferrailles a été retrouvée chez un ferrailleur d’ARLIT. Les mesures de taux de radiation gamma effectuées par monsieur Rhamar Illatoufegh (AGHIRIN’MAN) sur le tas de ferrailles ont montré des valeurs jusqu’à 1 800 c/s (coups par seconde) soit plus de 9 fois supérieures à la normale.
Deux réunions ont été organisées à Arlit en présence
des autorités, des compagnies minières, et des
représentants de la société
civile. La première le 20 septembre 20123, chez
le ferrailleur, pour
constater la radioactivité des ferrailles, la seconde
le
25 septembre4 où
ont été convenues les mesures à prendre.
Selon le ferrailleur, tout ou partie des 600 tonnes
de SOMAIR auraient été revendues à un citoyen
du Nigéria ou expédiées
au Bénin. D'après
la coordination de la société civile d'Arlit,
elles pourraient
se trouver avec celles de la Cominak, dans le
lot du ferrailleur. Aucune
de ces hypothèses n'est confirmée à l'heure actuelle.
Devant l’absence de réaction concrète des sociétés
minières, le président de la Coordination de
la Société Civile
d’Arlit, M Almoustapha
Alhacen
a écrit le 26 novembre 20125 au directeur de
la SOMAÏR pour rappeler que - plus de 3 mois
après
la découverte
de cette
situation -
les filiales d’AREVA n’ont donné aucune précision
sur le devenir des
600 tonnes de ferrailles de la SOMAÏR.
Selon monsieur Alhacen, joint par téléphone
le 15 janvier 2013, SOMAÏR n’a toujours pas
apporté
les
éclaircissements
demandés.
Cette situation est inacceptable, AREVA n’est
manifestement toujours pas en mesure d’imposer
à ses filiales
des procédures strictes
permettant d’empêcher la sortie des matériaux
radioactifs de ses sites. Elle
se targue pourtant d’une gestion irréprochable
de l’environnement.
La CRIIRAD demande qu’AREVA
- fasse toute la transparence sur les conditions de cession des ferrailles et la nature des contrôles radiologiques effectués.
- revoie les procédures de contrôle de radioactivité des matériaux autorisés à quitter ses installations minières.
- s’engage à repérer et racheter les ferrailles contaminées déjà mises en vente dans le domaine public.
Rédacteur : Bruno Chareyron, ingénieur
en physique nucléaire, responsable
du laboratoire de la
CRIIRAD.
Avec la participation de Almoustapha ALHACEN, pour l’ONG AGHIRIN’MAN et Anne Hollard, pour l’association « Les Amis d’Aghirin’Man ».
Avec la participation de Almoustapha ALHACEN, pour l’ONG AGHIRIN’MAN et Anne Hollard, pour l’association « Les Amis d’Aghirin’Man ».
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